Remplacer Dieu : la guerre centenaire du PCC contre la croyance
Publié le 5.7.2021 par EVA FU et FRANK FANG
Des manifestants du Falun Gong tiennent des photos commémoratives alors qu’ils marchent sur le Capitole à Washington, le 17 juillet 2014. (Jim Watson/AFP via Getty Images)
Les prêtres et les religieuses ont été contraints de s’agenouiller devant un grand bûcher, regardant la scène impuissants, alors que les flammes dévoraient leurs instruments sacrés et brûlaient leur peau.
Dans une autre ville chinoise, des étudiants portant des brassards rouges ont frappé des catholiques à coups de bâtons de bois pointus, projetant un prêtre dans le feu après qu’il s’est effondré de douleur. Ils ont battu à mort une religieuse qui avait refusé de piétiner une statue de la Vierge Marie.
Un prêtre catholique a été enterré vivant à Pékin à la suite de son refus de renoncer à sa foi.
Aussi troublants qu’ils puissent être, ces actes de brutalité documentés par le missionnaire Sergio Ticozzi, basé à Hong Kong, n’étaient guère hors norme pour les fidèles chinois pendant la frénésie de la Révolution culturelle qui a duré dix ans à partir de 1966, lorsque toutes les formes de pratiques religieuses ont été étiquetées de « superstitions » et interdites.
Cette répression n’était pas non plus propre à cette période particulière des plus de 70 ans de règne du régime sur la Chine.
Un contrôle total
La croyance en une puissance supérieure est un anathème pour le Parti communiste chinois (PCC) athée qui, depuis 100 ans, cherche à imposer une loyauté et un contrôle absolus à ses membres et au peuple chinois.
« Les dirigeants du Parti communiste chinois ne peuvent tout simplement pas accepter l’existence d’une allégeance autre que celle envers l’État », a déclaré à Epoch Times Sam Brownback, ancien ambassadeur itinérant des États-Unis pour la liberté religieuse internationale.
En conséquence, les dirigeants successifs du Parti ont lancé des campagnes, les unes après les autres pour écraser et contrôler les croyants en Chine.
Mao Zedong, le premier dirigeant de l’histoire du PCC, qui a supervisé l’une des campagnes les plus féroces de démantèlement de la vie religieuse chinoise, a comparé la religion à un « poison » lors d’une conversation avec le dirigeant tibétain en exil le Dalaï Lama. Dans son autobiographie, le Dalaï Lama se souvient que Mao lui avait dit en 1954 que la religion « sapait la race » et « retardait le progrès du pays ».
En 1993, l’ancien dirigeant chinois Jiang Zemin a déclaré que la liberté de religion « ne [convenait] pas aux membres du Parti » et leur a demandé « d’éduquer patiemment » les croyants pour les aider « à se débarrasser de leurs chaînes religieuses ».
Le bouddhisme, le taoïsme, l’islam, le catholicisme et le christianisme – les cinq religions que le régime a officiellement reconnues – restent sous le contrôle stricte de l’État, les responsables du Parti fixant les conditions de leur fonctionnement.
Les responsables chinois des affaires religieuses ont insisté sur la nécessité de « guider la religion en fonction des valeurs socialistes » et sur le fait que les fidèles doivent faire preuve de « gratitude envers le Parti ».
Selon les règles du Parti, les membres risquent également d’être expulsés pour avoir cru en la religion ou s’être livrés à des « activités superstitieuses ».Des fidèles passent devant l’ombre d’une croix à l’entrée de l’église catholique « souterraine » de Zhongxin Bridge, après un service célébrant la fête de l’Ascension à Tianjin, le 24 mai 2015. (Greg Baker/AFP via Getty Images)
À l’occasion du centenaire du Parti, les responsables au niveau étatique de six associations religieuses se sont réunis en juin et ont fait l’éloge de la direction du PCC. Exprimant leur détermination « à toujours suivre le Parti », ils se sont engagés à lancer une campagne d’éducation pour approfondir « l’amour du Parti » dans leurs milieux religieux.
Le pasteur Bob Fu, fondateur du groupe chrétien de défense des droits de l’homme China Aid, a décrit le PCC comme « le plus grand parti athée extrémiste au monde ».
« [Le] PCC a commis les pires persécutions religieuses et crimes contre l’humanité », a déclaré le pasteur Fu à Epoch Times.
Pour reprendre les termes de M. Brownback, le PCC est « en guerre contre la foi », qu’il s’agisse des chrétiens, des bouddhistes tibétains, des Ouïghours et des autres minorités musulmanes du Xinjiang, ou de la discipline de méditation Falun Gong.
« C’est une guerre qu’ils ne gagneront pas », a martelé M. Brownback.
La politique de tolérance zéro
Un an après la prise du pouvoir par le PCC en 1949, les troupes chinoises ont marché sur le Tibet et ont imposé aux Tibétains un accord en 17 points pour légitimer le pouvoir du PCC. Pourtant, malgré les promesses optimistes d’autonomie tibétaine sur le papier, Pékin a transformé la région en un État policier et y a installé des camps de travail.
Le Dalaï Lama, chef spirituel de la région, s’est exilé en Inde en 1959 après que le régime a brutalement écrasé un soulèvement, tuant des dizaines de milliers de Tibétains. Au cours des vingt années qui ont suivi, environ 1,2 million de Tibétains sont morts sous la répression du régime, selon les estimations du gouvernement tibétain en exil. Plus de 150 d’entre eux ont eu recours à l’immolation par le feu dans un acte désespéré de défi.
Selon le dernier rapport du ministère américain des Affaires étrangères, la police surveille régulièrement la correspondance privée, fouille les domiciles et examine les relevés téléphoniques à la recherche de contenus interdits tels que la « musique réactionnaire » en provenance d’Inde. Les responsables provinciaux ont également interdit aux étudiants de participer à des activités religieuses pendant les vacances scolaires. Le rapport cite 273 Tibétains « détenus en violation des normes internationales en matière de droits de l’homme à la fin de 2019 ».Une nonne marche au milieu des débris de maisons démolies à l’Institut bouddhiste Larung Gar dans le comté de Sertar, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine), le 29 mai 2017. (Johannes Eisele/AFP via Getty Images)
Une éleveuse tibétaine nommée Lhamo, âgée de 36 ans et mère de trois enfants, a été détenue en juin 2020 pour avoir envoyé de l’argent à sa famille en Inde. Les membres de sa famille qui l’ont vue deux mois plus tard l’ont trouvée « gravement meurtrie et incapable de parler », selon le groupe de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. Elle est morte quelques jours plus tard dans un hôpital local et a été immédiatement incinérée.
Le chef spirituel tibétain actuel étant dans sa 86e année, Pékin a clairement indiqué qu’il souhaitait participer à la sélection de son successeur. Dans un livre blanc publié en mai, le Conseil d’État chinois a déclaré qu’il avait identifié et approuvé « 92 bouddhas vivants réincarnés », indiquant ainsi son intention de choisir le prochain dalaï-lama lorsque l’actuel mourra.
« Le PCC pratique une politique de tolérance zéro à l’égard des croyants », a déclaré à Epoch Times Lobsang Tseten, directeur exécutif du groupe d’activistes tibétains Students for a Free Tibet, basé aux États-Unis. Il a ajouté que « le règne arbitraire du PCC au Tibet est une menace directe pour chaque aspect de la vie d’un Tibétain ».
La « sinisation » des églises
La répression des églises catholiques et protestantes par le PCC s’est également intensifiée sous le règne de l’actuel dirigeant Xi Jinping.
Les autorités chinoises ont démoli des milliers de croix des églises, arrêté des pasteurs, ordonné le retrait d’images chrétiennes et mené une politique agressive de « sinisation » en créant des « églises patriotiques », dans lesquelles les images de Jésus-Christ et de la Vierge Marie sont remplacées par des portraits de Xi ou de Mao.Des captures d’écran de vidéos téléchargées par ChinaAid montrent la destruction de l’église Golden Lampstand dans la ville de Linfen, dans la province chinoise du Shanxi, le mardi 9 janvier 2018. (ChinaAid)
Le régime chinois réinterprète et retraduit également la Bible pour promouvoir « un christianisme à la chinoise », un manuel d’éthique chinois transformant un récit biblique en une histoire dans laquelle Jésus lapide une femme à mort, tout en se déclarant être lui aussi un pécheur.
En 2017, au moins quatre villes et une province ont restreint les célébrations de Noël, interdisant les expositions de décorations de Noël, les spectacles à thème et les activités promotionnelles. Les responsables communistes d’une université ont interdit les activités liées aux fêtes religieuses occidentales au nom de l’aide apportée à la jeune génération pour « renforcer la confiance culturelle. » En janvier dernier, un chrétien a reçu une lourde amende de 160 000 yuans (près de 20 800 euros) pour avoir célébré cette fête.
Les églises clandestines ont proliféré en raison de l’oppression exercée par le régime. En réaction, les autorités chinoises ont arrêté des membres d’églises et infligé de longues peines de prison à des pasteurs.
Wang Yi, un pasteur du Chengdu, dans le centre de la Chine, qui a fondé l’une des plus grandes églises chrétiennes non enregistrées du pays, a été condamné à neuf ans de prison en décembre 2019 pour « opérations commerciales illégales » et « incitation à la subversion du pouvoir de l’État », une accusation que le régime utilise fréquemment pour faire taire les dissidents.
En avril, Radio Free Asia a rapporté que Pékin gérait des installations secrètes de lavage de cerveau, qui impliquent généralement la torture, dans la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, pour forcer les chrétiens à abandonner leur croyance.
« Chaque jour, le Parti devient plus audacieux »
Dans la région du Xinjiang, à l’extrême ouest du pays, plus d’un million de Ouïghours et d’autres minorités musulmanes sont actuellement détenus dans des camps d’internement chinois – que le régime appelle « centres de formation professionnelle » et qui servent ostensiblement à « endiguer l’extrémisme » – où ils sont soumis au travail forcé, à la torture, aux abus sexuels, à l’endoctrinement politique, à l’avortement forcé et à la stérilisation forcée.
Sous l’impulsion des États-Unis, un nombre croissant de pays, dont la Belgique, le Canada, la République tchèque, la Lituanie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, ont reconnu la campagne de suppression comme une forme de génocide.
« Le génocide des Ouïghours est toujours en cours, et chaque jour le Parti devient plus audacieux », a déclaré Rushan Abbas, directeur exécutif de la Campagne pour les Ouïghours, une organisation à but non lucratif basée à Washington, dans un communiqué publié le 30 juin, un jour avant la célébration du centenaire du PCC. « C’est notre dernier coup de semonce : le PCC doit être arrêté si nous voulons préserver un système mondial de dignité et d’ordre respecté par tous. »La mosquée du village Jieleixi n° 13 avec des slogans « Aimez le Parti [communiste chinois], aimez la Chine », à Yangisar, au sud de Kashgar, dans la région occidentale du Xinjiang en Chine, le 4 juin 2019. (GREG BAKER/AFP via Getty Images)
Un récent rapport de deux organisations basées à Washington – Oxus Society for Central Asian Affairs et Uyghur Human Rights Project – a montré qu’au moins 28 pays dans le monde étaient « complices du harcèlement et de l’intimidation des Ouïghours par la Chine ». Nombre de ces pays avaient des liens économiques étroits avec la Chine, notamment ceux qui ont adhéré à l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route », ou « la nouvelle route de la soie » (en anglais, Belt and Road, BRI, également connue sous le nom de One Belt, One Road).
« À mesure que la Chine étend son rôle à l’échelle mondiale par le biais de la BRI, davantage d’États seront probablement enfermés dans des relations de dépendance, ce qui augmentera la capacité de la Chine à les contraindre ou à les coopter pour les aider à cibler les membres de la diaspora et les exilés », selon le rapport.
« Nous pouvons vous faire disparaître »
La haine du PCC pour la religion n’est nulle part plus évidente que dans sa répression sanglante des pratiquants du Falun Gong, une discipline spirituelle comportant des exercices lents de méditation et des enseignements moraux fondés sur les principes d’authenticité, de bienveillance et de tolérance, selon son site internet.
Par crainte de la popularité du Falun Gong en Chine, le dirigeant de l’époque, Jiang, a lancé le 20 juillet 1999 une persécution brutale contre les pratiquants. De hauts responsables chinois ont donné des ordres secrets pour « les détruire politiquement, les mettre en faillite financièrement et ruiner leur réputation », selon un ancien colonel militaire qui a assisté à la réunion.
Depuis lors, des millions de pratiquants du Falun Gong ont été détenus dans des prisons, des camps de travail, des hôpitaux psychiatriques et d’autres centres de détention en Chine. Des centaines de milliers d’entre eux ont été torturés dans ces lieux dans le but de forcer les pratiquants à abandonner leur croyance. Un nombre incalculable d’entre eux sont morts des suites du prélèvement forcé d’organes approuvé par l’État chinois, leurs organes leur étant arrachés pour être vendus sur le marché des transplantations.
La persécution se poursuit à ce jour
Au cours des cinq premiers mois de l’année 2021, 599 pratiquants de Falun Gong ont été condamnés en raison de leur croyance ; l’un d’entre eux, âgé de 81 ans, a été condamné à neuf ans de prison, selon les données de Minghui.org, un site web basé aux États-Unis qui surveille la persécution de ce groupe religieux. Plus de 15 000 personnes ont été recensées comme ayant été harcelées ou arrêtées l’année dernière.
Attirés par de généreuses primes, la police et les fonctionnaires locaux ont lancé l’année dernière une vaste « Campagne zéro échappé » à la recherche des pratiquants dans tout le pays, a rapporté Minghui. Les pratiquants ont été invités à signer une déclaration de renoncement à leur foi, sous peine de voir leurs pensions, leurs carrières ou l’éducation de leurs enfants menacée.
« Nous pouvons vous faire disparaître si nous le disons », aurait dit un officier de la province la plus septentrionale de Chine, Heilongjiang, à un pratiquant.Des pratiquants de Falun Gong participent à un défilé à Flushing, dans l’État de New York, le 18 avril 2021, pour commémorer le 22e anniversaire de l’appel pacifique du 25 avril de 10 000 pratiquants de Falun Gong à Pékin. (Samira Bouaou/The Epoch Times)
Guo Zhenfang, originaire de la ville de Chifeng, dans le sud-est de la Mongolie-intérieure, est mort le lendemain son procès, en juin. À l’hôpital, sa famille a découvert des taches de sang sur son nez et une blessure autour de sa rotule. Son dos, depuis la taille jusqu’en bas, était devenu « rouge pourpre », selon Minghui. Des dizaines de policiers en civil ont empêché la famille d’examiner le corps et l’ont envoyé au crématorium sans son consentement.
Lü Songming, ancien professeur d’histoire dans un collège de la province du Hunan, dans le sud de la Chine, a passé au total 14 ans en prison. Il a perdu une vingtaine de dents à cause des coups, du travail forcé, de l’électrocution et d’autres formes de torture. Lorsqu’il a été libéré en 2018, il ne lui restait que six dents et n’était plus apte à travailler. Il souffrait de fréquentes insuffisances cardiaques et a fini par mourir en mars à l’âge de 53 ans.
Une véritable faiblesse
M. Brownback a observé que de plus en plus dans la Chine de Xi, les tactiques brutales et inhumaines de l’ère Mao font leur retour.
Mais dans sa hâte d’affirmer son pouvoir sur les fidèles de la Chine, M. Brownback a déclaré que le régime « montre une réelle faiblesse ».
« Il doit ressentir une perte de contrôle et se montre donc beaucoup plus répressif et brutal », a-t-il ajouté.
Les violations des droits de l’homme et de la liberté de religion commises par Pékin nuisent à l’image du régime dans le monde, tandis qu’à l’intérieur du pays, elles nuisent à sa capacité à maintenir son pouvoir, a déclaré M. Brownback.
« Le communisme et la croyance ont beaucoup de mal à coexister, et la croyance ne sera pas maîtrisée, de sorte que le communisme finira par tomber », a-t-il déclaré.
Ce qui restera de l’héritage centenaire du PCC, a déclaré le pasteur Fu, sera son bilan en tant que « le parti politique par lequel le plus grand nombre de vies humaines ont été arbitrairement perdues […] parmi toute l’histoire de l’humanité ».
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